parue dans "Monaco Info"
Atelier Mc Nab : Héléna Krajewicz peinture sereine mais habitée
Suite des aventures artistiques à
l’Atelier Mc Nab. Après « l’ethnik
art » de Doat, place à la peinture d’Héléna
Krajewicz : sensorielle,
habitée par la matière pour un travail singulier naviguant entre le
portrait
quasi « Modiglianien » et l’abstraction plutôt
concrète…
par Nicolas Massa
Rendre visite à
l’atelier Mc Nab est toujours une joie. L’ «Xpo
Cycle » est un chemin
sinueux, hétéroclite même où les artistes s’entrechoquent à travers
différentes
expositions. C’est donc une fenêtre ouverte sur la production locale
qui recèle
de richesses méconnues. De mémoire, pas une orientation artistique ne
s’est
ressemblée depuis que nous fréquentons l’atelier. Recentrer l’art sur
la
découverte et les rencontres est une maxime qui s’appliquerait à
merveille à ce
petit lieu atypique et confiné.
Une fois de plus
nous allons apporter la preuve par l’objet. Jusqu’au 24 novembre Héléna
Krajewicz squatte les murs de l’atelier. Amatrice de grand format, ses
peintures à l’acrylique nous transportent dans des mondes bien
distincts
cependant dominés par l’omniprésence d’une palette oscillant entre le
noir et
le blanc dans toutes leurs nuances.
Ainsi plusieurs
pistes sont explorées. Tout d’abord les portraits d’où s’échappent un
soupçon
de Modigliani, une pointe de Gauguin. Visages chaleureux et colorés sur
fond
intense, matière omniprésente. Nous sommes en présence d’un art
maîtrisé,
appliqué, sombre et sobre. Le regard des sujets vous fixe pour mieux
vous
interpeller, les expressions inquiètent, la difformité des visages se
chargent
de vous rappeler l’humanité réelle des sujets !
Chapitre moins
figuratif, la série consacrée aux arbres et sous bois. Une incroyable
tension
se dégage. Forte d’une technique complexe et atypique (peinture à
l’éponge mais
pas seulement) qui nous entraîne dans les eaux troubles d’une fraîche
après-midi d’hiver, nuageuse, mélancolique et vivante. Au cœur des
pièces, en
se penchant sur le détail jaillit une note nouveau réaliste de ces
bois !
A la manière d’un Raymond Hains ou d’un Villeglé première période, sauf
qu’ici,
il s’agit d’une peinture qui se déchire pour mieux s’inventer. Les
troncs
vivent par la lacération des couches multiples de couleurs. Abstrait et
concret, ambiance pluvieuse mais vivante, les styles s’entrechoquent et
confèrent à cette série de faux airs de maîtres de l’abstraction.
Bluffant !
Terminons ce tour
d’ «Xpo » par les travaux clairement opaques. Un
volet plus détaché,
moins minutieux mais plus compulsif. La toile devient le terrain d’un
laisser
aller nécessaire, un fragment où l’on exprime son moi
profond ! Nous
sommes en présence de projections tachetées, seules attaches
« figuratives »
au milieu d’un « no man’s land » boueux et riche en
matière. Un
travail intéressant, d’une violence esthétique certaine qui remue
entrailles
cérébrales et titille le côté sombre de tout un chacun.
Héléna Krajewicz
est une artiste plurielle, sereine, dans un monde confiné, intime et
pénétrant.
Plus d’info :
www.mcnabmonaco.com